Exemple de combat [En cours]

[HRP : Bien. Vous avez lu la théorie, voici l'application ! Pour illustrer mes explications, mon amie Kami Rei et moi-même allons simulé un combat (que je vais forcement gagné car je suis la Déesse du Soleil - faut pas déconner).]

Takamanohara est un lieu magique qui vit hors du temps. La vie des mortels s'égraine au rythme des danses effrénées du soleil et de la lune. Un ordre immuable qui ne saurait être perturbé, si ce n'est par quelques mutins nuages. Sans renier mon statut, je dois avouer que l'immortalité peut parfois sembler... longue. Un orage par ci, une canicule par là, on finit vite par se lasser et se surprendre à imaginer des scénarios catastrophes qui pourraient pimenter son éternité. Mais, coïncidence ou pur hasard, me voilà tirée de ma torpeur : le vent me porte quelques informations intéressantes. Un de mes serviteurs semble avoir débusqué un esprit rebelle, un de ceux qui refusent de se soumettre aux lois de notre monde en faisant revivre l'époque des cortèges et des guerres de territoires. Je soupire en retenant un sourire presque carnassier, faussement lassée et visiblement excitée à l'idée que quelqu'un ose me défier.

L'astre de feu est à son zénith, me laissant de nombreuses heures mortelles avant que mon enquiquineur de frère ne vienne fourrer son nez dans mon ciel. Mais je ne le laisse pas gâcher mon enthousiasme et hâte le pas en chantonnant. Bien vite, Ame no ukihashi se laisse deviné parmi les nuages. Quel magnifique édifice que ce pont flottant, créé par mes parents pour relier notre monde à la terre ferme. A l'image de ses créateurs, il semble sans limites, serpentant dans la brume comme un navire fantôme, menant l'intrépide voyageur vers l'inconnu. La descente me parait interminable et pour cause, je ne suis pas réputée pour ma patience.

C'est donc légèrement en rogne que je foule à nouveau la terre. Mon serviteur est là, attendant ma venue. Après quelques courbettes protocolaires, il m'en apprend plus sur l'affaire qui m'amène ici, attisant mon envie de rafraichir les ardeurs de ce petit esprit rebelle. Je lui ordonne de me conduire à ma proie, avant de revêtir une apparence similaire à la sienne, celle d'un loup.

- "Ciel, ce qu'il fait chaud !"

J'essuie mes tempes grâce à la manche de mon kimono, regardant les yeux à demi clos l'astre bien rond qui me nargue dans cette étendue bleue. Pas le moindre petit nuage à l'horizon pouvant me laisser espérer un peu de répit avant la tombée de la nuit. Le pas lourd, je quitte la prairie et m'engouffre avec bonheur dans l'ombre de la forêt. Les feuillages bien épais filtrent la lumière et la chaleur, rendant l'atmosphère bien plus supportable. Je finis par m'adosser à un gros tronc d'arbre et me laisse tomber mollement le long de son tronc pour m'avachir dans l'herbe. J'exprime alors toute ma satisfaction dans un soupir bruyant qui fait fuir quelques oiseaux. Les yeux fermés, je me fais rapidement happer par un sommeil léger et salvateur. Juste quelques minutes, quelques instants, peut-être même une heure ou deux tiens. Non ce n'est pas raisonnable, me dis-je dans un sursaut, me rappelant le rendez-vous prévu au crépuscule. En effet, c'est ce soir que je rassemble ma petite armée d'esprits, mon cortège. Il faut que je sois en forme pour leur offrir un discours digne d'un grand chef, énigmatique et... mes paupières tombent lourdement alors que ma silhouette s'enfonce un peu plus dans la végétation. Je cède, bercée par le clapotis joyeux d'un ruisseau que je devine à quelques mètres. Une agréable brise vient caresser mon beau visage de renarde. Quel bonheur !

Depuis combien de temps suis-je endormie ? Aucune idée tant mon sommeil est lourd. Mes rêves sont flous et étrangement, j'ai la sensation de ne pas être si sereine que ça. Est-ce la rencontre de ce soir qui m'inquiète ? Mes songes s'affolent, ne me montrant que des formes dépouillées qui s'agitent jusqu'à me submerger. Je finis par m'arracher de ce cauchemar dans un bond. Le souffle court, mes yeux se figent sur deux silhouettes qui, elles, semblent bien réelles. Au bout de quelques secondes, je prends enfin pleinement conscience de mon environnement, me souvenant m'être endormie comme une créature innocente et inconsciente dans ces bois.

Je dévisage les deux inconnus qui ne sourcillent pas et semblent m'analyser. Un étrange sentiment de malaise m'envahit, je me sens en danger. Dois-je me fier à mon instinct de renarde et chasser la menace ? Encore perturbée par ce mauvais rêve, je dégaine sans réfléchir une de mes dagues tout en m'extirpant de mon cocon de verdure. Face à moi, deux loups, mais je comprends au premier regard qu'ils n'appartiennent pas au monde des mortels. Non, ces créatures là sont des esprits, comme moi, mais l'énergie qu'ils dégagent m’étouffent. Je respire comme une bête sauvage acculée, fixant la source de mon angoisse : cette louve majestueuse au pelage chatoyant comme des flammes.

Mon cœur paniqué palpite comme jamais, je le sens dans ma chair : ma vie est en danger. Dans un râle déterminé, je m'élance sur mon ennemie, bien décidée à frapper la première, dans le flanc tant qu'à faire. Dans le pire des cas, j'espère pouvoir gagner suffisamment de temps pour m'enfuir...

Nous avons parcouru un bien long chemin pour arriver jusqu'ici. Mon serviteur m'a guidé à travers plaines et collines pour enfin gagner ce bois mystérieux. C'est là, à l’abri des arbres que nous sommes tombé sur cette petite chose qui roupillait tranquillement. Je me suis d'abord demandé si on ne me faisait pas une mauvaise blague, mais le loup avait l'air convaincu. Je la regarde alors d'un air dubitatif, sans dire un mot : comment ce petit bout de femme tout frêle pouvait-il rassembler un cortège digne de menacer l'équilibre de notre monde ? J'aurais pu rire, si la donzelle ne s'était pas réveillée d'un bond en soufflant comme une démente. Elle ne semble pas bien comprendre ce qu'il se passe. Mon bel enthousiasme commence à fondre comme neige au soleil à mesure que je constate le manque d'envergure de ce soit-disant chef rebelle. Et moi qui pensais m'amuser un peu en ce bel après-midi...

Ah ! Mais que vois-je ? Serait un soupçon d'instinct de survie que je lis dans son regard ? Qu'est ce que cette petite fouine pense pouvoir me faire avec son petit couteau ? Elle me bondit dessus, je m'esquive sur le côté, mais, gênée par mon suivant, ne peux échapper à cette lame qui vient taquiner ma patte. Un sombre grognement s'échappe de mes crocs.

- "Kitsune de malheur ! Inari devrait mieux dresser ses animaux !"

En rogne pour de bon, je toise mon opposante alors que mon corps reprend forme et taille humaine. Cette petite peste a fait couler de mon sang, souillant ainsi le blanc maculé de ma tenue. Dans une pulsion de colère, je m'approche et lui assène une puissante gifle du revers de la main.

- "Tu complotes, menaces la paix que nous avons érigé et tu oses me défier ? Serais-tu folle petite renarde ?!"

En voyant la louve se transformer, je réalise dans quel pétrin que je viens de me mettre. Ses apparitions sur terre sont tellement rares et pourtant, cette épée, ce grand miroir en forme de bouclier et le collier qui orne sa tenue ne laissent plus aucun doute. Cette lumière qui m'éblouit par sa colère est celle d'Amaterasu. Tétanisée, je n'essaie même pas de me protéger quand elle s'approche. Quelle sacrée gifle ! L'élan m'envoie sur le sol et le souvenir douloureux de ses phalanges résonne dans ma tête. Mais pas le temps de me plaindre, elle révèle enfin la raison de sa présence ici : elle sait tout pour le cortège. Mon cœur se met à paniquer lorsque je comprends que la déesse n'est pas venu pour m'apprendre les bonnes manières. Mon regard se pose un instant sur ce loup qui reste en retrait. C'est certainement lui qui a cafté... Mais l'heure n'est pas à la vengeance, non, il est à la survie. Si je tente de m'enfuir là, maintenant, elle me rattrapera facilement. Ma seule chance est de la blesser avant de prendre la poudre d'escampette. Si jamais son larbin me suivait, je n'aurais qu'à m'en occuper.

Galvanisée par cette petite lueur d'espoir, je dégaine ma seconde dague et ramasse la première dans l'herbe près de moi. Je bondis agilement sur mon ennemie alors que des grésillements me signalent que la foudre parcourt déjà mes lames. Dans un râle furieux, j'abats mes deux crocs sur le Soleil.