[Mission] Demoiselles en détresse cherchent valeureux guerrier !

Spoiler:

Le soleil se tenait haut dans le ciel, la journée s'annonçait belle et les oiseaux la célébraient déjà. Un moment parfait pour commencer sa carrière de samouraï émérite si vous voulez mon avis. Du moins, c'était ce que se disait l'homme qui se tenait au milieu du centre ville en cette matinée de printemps. Ses vêtements, étrangement propre pour un ronin itinérant, avaient du subir un lavage la veille en prévision de ce nouveau départ. Ses cheveux aussi sentait bon le lavage récent, toujours liés à l'arrière de son crâne par une ficelle. Les deux sabre glissés dans sa ceinture, il se sentait prêt à affronter n'importe quoi. Quel meilleur jour pour afficher au monde entier son potentiel? Mais cette place de village était bien trop déserte pour révéler quelque potentiel que ce soit.

Ne se laissant pas abattre pour si peu, le récemment dénommé Hiroki observa les environs bien trop vides. Peut-être que l'heure était trop matinale pour convenir à la foule. Qu'importe! Après une bonne nuit de sommeil dans la petite auberge de la ville d'Obi le samouraï n'en pouvait plus d'attendre. Il fallait devenir quelqu'un. Il n'avait tout de même pas dépensé la majorité de sa maigre fortune pour deux sabres qui prendraient la rouille quand même. Par chance, lors de son petit tour d'observation, il repéra une sorte de grand panneau en bois. Intrigué par la construction, il s'en approcha lentement, profitant de cette marche pour étirer son corps. Sur ce panneau en bois étaient accrochés de petits papiers à l'aide de clous fin. Ces écritures étaient diverses et variées, l'une invitant à se rendre dans un commerce au nord de la ville, tandis qu'une autre annonçait le résultat sans appel d'un glorieux duel s'étant déroulé dans une contrée lointaine. Peut-être bien au nord du pays. De toute façon, il ne connaissait pas ces deux bretteurs et n'en avait que faire de leur "épopée incroyable" et "glorieux duel".

Tandis qu'il passait le temps superflu dont il disposait à présent en vagabondant au grès des annonces plus ou moins pertinente, l'une d'entre elle attira son regard. A côté d'un papier qui invitait qui le souhaitait à venir admirer le dernier chien d'une certaine Madame Matsuyura se trouvait une petite annonce relativement alléchante. Il s'agissait de la tenancière d'une petite auberge à Osumi, au sud de Hyuga où il se trouvait actuellement, qui demandait l'aide d'un "courageux". Son auberge, La Perle Nacrée, était assez régulièrement la cible d'un groupe de bandits, et, les gueux, non content de détrousser les honnêtes voyageurs, se prenaient même à ennuyer les employées. Bien sûr, telle situation était tout à fait inacceptable! Sur le (nouveau) nom de Hiroki, d'aucun ne pouvait se permettre d'ennuyer de charmantes jeunes femmes. Il fallait y mettre un terme, et vite. Et puis, l'idée de sauver une petite auberge avait ce côté attirant qu'elle en grandirait sa renommée.

Sans hésiter plus longtemps il arracha l'annonce du panneau, histoire que personne d'autre ne puisse lui voler son futur gagne-pain, et la fourra sous ses vêtements, entre son kosode et son shitagi. Lieu parfait, s'il en est, pour les papiers et lettres qu'on ne souhaite pas froisser. Posant sa main sur son sabre pour se donner une certaine contenance et laisser au rares curieux une belle image de lui, il se mit en route. Celle-ci serait longue, mais loin d'être inutile. La légende s'écrivait tout de suite!




Après quelques jours de marche, notre fier samouraï arriva enfin à Osumi. Dans le sud d'Osumi pour être précis. Certes, la route, comme prévu, fut longue, mais relativement tranquille. Pas de bandits de grands chemins, pas de veuve éplorée, ni même de jeunes demoiselles ne demandant qu'un héros à épousailler. En bref, le chemin qui avait mené le samouraï Ryukestu jusqu'à ce petit village isolé ne mériterait pas de figurer dans aucune histoire qu'on raconterait aux enfants. Du moins, pas en l'état. Et puis, raconterait-on seulement ses histoires aux enfants pour les encourager à devenir de grands hommes? Mais il n'était pas heure à penser à ce futur glorieux, mais trop hypothétique. L'heure était à l'aventure et à l'action.

Après une brève marche dans le petit village pittoresque, où il eut à loisir de demander son chemin à quiconque croisait le sien, tout en déclamant haut et fort son nom, au cas où l'on en vienne à demander à la population locale qui était responsable de l'incroyable fait d'arme qui aurait bientôt lieu ici, il arriva devant la petite auberge. La Perle Nacrée. Conformément à l'annonce. Une perle pouvait-elle être autre chose que nacrée? Possible. Et que faisait-on d'autres, en nacre, qui vaille la peine de préciser que l'on parle actuellement de perle? Encore une question dont il lui faudrait trouver réponse un jour. Mais plus tard.

Tranquillement, il passa la porte de l'auberge et jeta un bref coup d'œil, pour repérer le terrain comme on dit. Une belle auberge, relativement spacieuse, jouissant d'un style assez pur et sans fioritures. Des tables placées à distances équivalentes les unes des autres dans la grande salle principale, celle où l'on passait généralement son temps à boire et manger avant d'aller s'effondrer dans une des chambres louées à cet effet. Il repéra aussi, durant son observation silencieuse, le manque de clients pour un si grand espace, chose prévue, et la doyenne de l'établissement. Une vieille dame qu'il s'imaginait être madame Matsumae. Parfait.

Prenant place à l'une des tables proches du comptoir, il leva la main pour faire signe qu'il désirait commander. Il prit aussi la peine d'ajouter quelques mots à sa gestuelle pour préciser qu'il souhaitait voir la gérante.

Hiroki: "Patronne, du sake s'il vous plait!"

En attendant de la voir venir vers lui, il vérifia que ses armes étaient atteignables par sa main en cas de problèmes. Il évalua la distance qui le séparait de la table de façon à prendre la meilleure position pour dégainer subitement. Une mission sans accroc est une mission bien préparée. Et de toute façon, une mission sans accroc, ça n'existe pas. On prépare. Point. Le client a droit à la qualité. Il glissa également sa main sous son kosode pour se saisir du papier récupéré à Obi, sans pour autant le sortir et le dévoiler à quiconque laisserait trainer son regard. Cela lui permettrait de gagner du temps en discussion avec la petite vieille. Deuxième règle, on ne devait pas s'éterniser à discuter avec le client. Cela pouvait être vite repéré comme suspect. L'expérience des missions et autres contrats, il avait. Même si ce n'était pas exactement le même genre. Aujourd'hui, il était un samouraï.

Après avoir commandé, Hiroki eut à loisir d'observer le travail d'une auberge se mettre en branle. Cette réaction en chaîne induite par sa simple demande. La patronne, captant la commande, la retransmit en cuisine immédiatement, à une femme du nom d'Ohana visiblement. Il imagina aisément cette Ohana prendre une bouteille du précieux breuvage et la mettre à tiédir pour finalement la lui apporter en salle. A moins qu'ils n'aient des bouteilles déjà prêtes pour contenter dans les plus brefs délais les clients exigeants. C'était amusant car c'était un spectacle que l'on ne pouvait s'imaginer depuis le fond de la salle. Car oui, ce spectacle restait imaginaire. Le jeune homme n'avait aucune vue sur les cuisines et se devait de penser aux actions logiques qui pourraient guider les divers employés de l'établissement afin de satisfaire sa requête.

Puis il vit la petite dame s'approcher de lui. Apercevant, de fait, son visage avec plus de précisions, il remarqua que ses traits faisaient d'elle une personne agréable à regarder. Même pour une vieille personne. Elle lui semblait assez douce et aimable. Même si cela ne signifiait pas forcément grand chose, il fut tout de même rassuré d'avoir pris l'annonce d'une personne qui avait l'air bonne. Certes, les apparences se peuvent être trompeuses, mais ç'aurait été ennuyant que de remplir le contrat d'une personne cruelle et mauvaise. Surtout pour commencer sa carrière de samouraï à vrai dire. Profitant du fait qu'elle passait à ses côtés, il tira légèrement l'annonce de son vêtements. L'effet fut immédiat car il remarqua une lueur dans son regard tandis qu'elle apercevait son écriture. Rangeant soigneusement le petit parchemin à l'abri des regard indiscret, il put admirer avec quelle grâce la petite femme s'installait à ses côtés, avec élégances sur ses propres pieds. Les métiers du commerce, et du commerce de qualité, menaient-ils souvent à adopter ce genre d'attitude très respectueuse des clients? Fut-elle une ancienne geisha qu'il n'en aurait pas été surpris à vrai dire. Mais il se doutait que ça n'était pas le cas. La dame Matsumae était une vieille femme élégante et tout à fait aimable. Ce contrat, en plus de lui apporter un peu d'argent, pourrait faire plaisir à cette dame. Et ça, ça pesait tout de même dans la balance.

Hiroki: "Bonjour Madame Matsumae. Je me nomme Ryuuketsu Hiroki" dit-il en marquant une pause pour laisser le temps à son hôte de saisir toute les notes de "puissance" de son nom. Voilà un nom rudement bien choisi pour un héros. "Vous savez pourquoi je suis là, et il est inutile de vous montrer que je sais me servir de ce que vous avez aperçu à ma ceinture tout à l'heure."

Les choses étaient dites. Par la même, il lui prouvait quelques unes de ses propres compétences, comme l'observation par exemple. Il balaya rapidement la salle. Peu de clients. Cela tombait plutôt bien, ils pourraient ainsi parler sans éveiller trop de soupçons. C'était là l'une des manières de faire du jeune samouraï, ne pas attirer l'attention. Surtout quand il compte légèrement sur l'effet de surprise pour éviter les pertes inutiles. Du moins, dans une certaine mesure. Le code du samouraï ne lui interdisait-il pas d'agir en traître? Il faudrait être attentif à ce point.

Hiroki: "Et si vous m'en disiez légèrement plus sur ces problèmes de...voisinage? C'est que j'aimerais avoir certains détails par exemple, pour savoir comment agir." Il s'approcha un peu d'elle, parlant assez bas pour que les curieux les plus proches n'entendent pas ce qu'il put dire. "Pouvez-vous me donner un nombre par exemple, ou des détails sur ces visiteurs impromptu?

Au moins, l'erreur ne pouvait être possible. Hiroki était là pour les bandits, et il était sérieux dans son travail. Restait à voir comment la vieille femme réagirait.

Hiroki écouta avec attention tout ce que pouvait lui apprendre la vieille dame. Ce n'était, certes, pas beaucoup, mais toute information était bonne à prendre. Peut-être que plus tard, un détail capital lui reviendrait et pourrait lui sauver la vie. Qui pouvait savoir? Pas lui en tout cas. L'expérience le lui avait bien appris. Et tandis qu'il écoutait le récit de la tenancière, quelques hypothèses se formèrent naturellement dans son esprit. Ces hypothèses n'étaient ni avérées, ni d'une importance capitale. Il s'en servait d'ailleurs plus pour explorer au maximum les possibles que pour mener son chemin. C'était une sorte de bouée, d'aide, qui l'empêchait de sombrer trop rapidement et de se laisser "acheter" par une théorie.

Apparemment, les attaques de bandits auraient commencées il y a un mois de cela. Au départ, ces derniers ne faisaient que s'en prendre aux fortunés clients de l'établissement. Et les attaques s'intensifiaient à chaque fois. Parlait-elle du nombre de bandits attaquant? Ou peut-être de la manière de procéder de ces derniers? Peut-être dépouillaient-ils plus de clients à chaque venue, remarquant que c'était là une source de revenu assez facile, renouvelable et qu'ils pouvaient surement faire mieux. Mais voilà, cela avait fait chuter le chiffre de l'honnête aubergiste et, de fait, le nombre de ses clients. Peut-être que remarquant cela, les bandits se sont rabattus sur un autre style de proie. Les jolies serveuses. Notamment quand, vulnérables, elles se rendaient au village voisin pour acheter des provisions. Actuellement ils ne faisaient que les effrayer et subtiliser les dites provisions. Mais le samouraï connaissait un peu la nature humaine et se doutait que rapidement, les prises se faisant plus maigres, les bandits en arriveraient à désirer un autre butin. Il était d'ailleurs étonné que ça n'ai pas encore eu lieu. A moins que la dame Matsumae lui cachait ces choses par décence.

Toujours était-il qu'il avait accepté le contrat, et, comme un samouraï lié à son seigneur, il allait travailler pour l'auberge et lui rendre sa quiétude d'antan. Surtout qu'il s'agissait de jeunes filles et de voyous. En parlant de jeunes filles, l'une d'elle fit son irruption dans la salle et lui apporta le sake, tiède, commandé plus tôt. Il lui adressa un sourire de remerciements tandis qu'il remplissait déjà une coupelle du précieux alcool. Elle était plutôt mignonne. Comme une poupée. Il comprit alors pourquoi les bandits prenaient plaisir à ennuyer ces serveuses. Et il imagina facilement la suite des attaques.

Une petite conversation débuta entre la tenancière et son employée, une certaine Nako. La vieille femme s'enquit de l'état d'une autre de ses employées, Ohana. Le samouraï n'eut pas à écouter discrètement l'échange, puisqu'aucune des femmes ne songeaient à baisser le ton pour la lui cacher. Il apprit ainsi l'existence d'une cabane perchée ainsi que l'histoire qui y était associée, la dame Matsumae lui expliquant probablement après avoir remarqué son sourcil dressé en guise d'interrogation. Une jeune fille maligne et qui n'avait pas froid aux yeux. Hiroki sourit en imaginant une jeune serveuse au gabarit similaire à sa collègue Nako, dans les mêmes vêtements, escalader des arbres et se cacher dans une cabane. Hélas, les craintes de sa grand-mère semblaient que trop justes. Les plus courageuses étaient généralement celles qui s'attiraient le plus d'ennuis et le plus rapidement. Il avala sa coupelle de sake. Sa décision était prise.

Hiroki: "Madame Matsumae, vos clients vous parlent-ils parfois de ces bandits? Vous disent-ils combien de bandits se présentent généralement? Et quel genre d'armement ils portent? Ce me serait utile pour savoir à qui j'ai affaire. J'aimerais également que vous me disiez comment ils procèdent d'habitude. Comment se déroule une attaque "type" en somme. Du moins, si vous le savez."

S'étirant brièvement dans une attitude assez peu commune pour un samouraï, le jeune homme finit par se relever, la main sur la poignée de son sabre, veillant à ne rien déranger autour de lui. Il se tourna un instant vers la petite Nako.

Hiroki: "Nako-chan, dites moi, avez-vous déjà été la cible d'un de ces bandits? Quand vous alliez au village par exemple? Quant à votre petite-fille, madame Matsumae" dit-il en se tournant une dernière fois vers la tenancière "Pensez-vous que je puisse aller la voir dans cette cabane perchée? J'aimerais parler un peu avec elle aussi."

En effet, si la jeune fille observait la route depuis le début des attaques, il y avait fort à parier qu'elle en sache plus long que sa grand-mère sur les bandits dont il était question. Peut-être pourrait-elle lui en apprendre plus, notamment la direction d'où ils arrivaient. Il jeta un coup d'œil à la bouteille de sake qui venait de lui être apportée. Dommage, du si bon sake. Mais le travail n'attends pas. Et il recommande aussi de ne pas être ivre. Une fois la réponse donnée, il s'excusa pour le désagrément, régla le prix de la bouteille d'alcool à peine réglé et se dirigea dehors vers cette cabane perchée.